Pourquoi les tributes ont-ils le vent en poupe ?

Ce qui a motivé le thème de ce deuxième post est un commentaire à une publication facebook sur la page de Run Like Floyd :

On a répondu de façon laconique à ce détracteur, mais nous aurions pu lui dire que nous avons fondé ce tribute aux Pink Floyd non pas pour "manger", mais pour jouer leur musique entre copains passionnés et offrir de modestes représentations dans ce bar-ci ou ce restau-là. Seulement, nous avons vite été nous-même victimes de notre succès ! Et c'est souvent là l'histoire des groupes qui rendent hommage à leurs idoles.

Dans un autre échange avec l'auteur de ce commentaire, ce dernier nous encourageait à ne pas vivre dans le passé. Il a on ne peut plus raison ! Rien n'est plus réel que l'instant présent. Mais j'avais moi-même 12 ans lors du tout dernier concert des Pink Floyd en 1994, et je ne connaissais rien de leur musique à cette époque. Ce n'est donc pas un sentiment de nostalgie qui m'anime lorsque je joue les Pink Floyd, et je me sens bien ancrée dans le moment présent quand j'interprète leur musique qui pour moi est tout à fait actuelle, puisqu'intemporelle, à l'instar des grandes œuvres du répertoire classique.

Par ailleurs, bien consciente que nous ne jouons pas dans ce tribute Pink Floyd "notre musique" et ne sommes que les avatars de personnalités dont nous cueillons les lauriers d'une gloire passée, et supposant que notre public, certes amateur de cette "musique de vieux", ne soit pas assez sénile pour nous prendre par mégarde pour les membres originaux du groupe, je me suis demandé ce qui pouvait expliquer un tel engouement pour les tributes Pink Floyd et autres tributes en général.

J'ai alors trouvé de passionnants éléments d'explication dans cet article sur le frisson musical :

Frisson musical : c'est votre mémoire qui fait le boulot !

Il y est expliqué en substance que les décharges d'hormones responsables des émotions fortes à l'écoute de la musique dépendent largement de la mémoire. En effet, il est prouvé que le cerveau ne cesse de comparer ce qu'il est en train de vivre à une expérience passée, et donc sans notre capacité à recontextualiser l’information et à l’ancrer dans une expérience émotionnelle, le frisson musical n’aurait probablement pas lieu. Ce qui explique que la grande majorité des auditeurs qui éprouvent un frisson musical ont associé l'écoute à un souvenir passé. L'article évoque naturellement la possibilité d'éprouver un plaisir intense lors d'une première écoute mais en ces termes :

On peut évidemment ressentir un plaisir intense à l’écoute de quelque chose de nouveau. Mais l’équipe du neuropsychologue Robert Zatorre, à Montréal, l’a bien montré en neuro-imagerie : même quand vous entendez quelque chose de nouveau, votre cerveau est en fait tout le temps en train d’effectuer un calcul associatif en terme de savoir : “A quoi me fait penser ce morceau ?... Ah oui, il ressemble à celui-ci...” On est toujours en train d’essayer d’analyser cette nouvelle information au regard des expériences passées. On n’est jamais complètement vierge, même s’il s’agit d’une nouvelle musique.

Et les commentaires que nous entendons souvent à l'issue de nos représentations confirment ce phénomène : "C'est toute ma jeunesse", "je les ai vus à Richter en juillet 88, c'était énorme !", "Le premier disque que j'ai acheté ado, c'est Dark Side of the Moon..."

Goldmen, Rabeats, White Queen, So Floyd, Australian Pink Floyd, Brit Floyd se produisent donc dans d'immenses salles de spectacle pour offrir un frisson musical collectif ressenti simultanément par des milliers de personnes dont le tort serait... de se souvenir ?

Ainsi, ceux qui fustigent les tribute bands et au passage leur public en les taxant de passéisme devraient plus judicieusement les condamner pour trafic et consommation en masse d'endorphines !

Quant à ceux qui n'ont pas encore goûté aux tributes, je les invite à venir voir Run Like Floyd en concert. Entrée payante, dopamine offerte...

Dates Run Like Floyd

David Gilmour répondant à la question : "Pourquoi les jeunes viennent-ils par dizaine de milliers aux concerts des Pink Floyd ?"